Et voici un nouveau Work in Progress à découvrir sur l’aquarelle publiée cette semaine : Soeurs aux Tuileries.
Dans cette peinture, plusieurs techniques ont été utilisées : un fond réalisé dans l’humide, des fondus, des glacis, l’utilisation du drawing gum (ou liquide à masquer), etc.
Mais avant de rentrer dans le vif du sujet, j’aimerai d’abord vous parler de l’étape d’avant : celle où avant même qu’on prenne la feuille et le pinceau, l’idée et l’imagination se mettent en marche.
L’idée et l’envie
Il y a plusieurs semaines, je me suis retrouvée au jardin des Tuileries pour de l’urban sketching. C’est ce jour là que j’ai réalisé les croquis aquarellés que vous avez pu voir dans cet article. Lors de la promenade que j’ai faite, en remontant le jardin pour aller vers le Louvre, j’ai croisé un groupe de Bonnes Soeurs. Instinctivement, j’ai sorti mon téléphone et tout en continuant à marcher, je les ai prises en photos.
Les Bonnes Soeurs, c’est une histoire de vécu : j’ai fait toute mon école maternelle dans un couvent. Et oui ! Pendant 3 ans, mes parents m’ont déposée chaque jour dans une petite école maternelle tenue par des Soeurs où je passais mes journées. J’en ai peu de souvenirs, mais certaines images restent. Les soeurs qui s’occupaient de nous, mes camarades, le grand jardin qu’abritait le couvent en plein centre ville, la petite cantine avec de longues tables en bois où nous nous asseyions pour manger et… les tenues des Bonnes Soeurs qui m’intriguaient beaucoup. Ces longues robes noirs et ces voiles…
Il y a quelques jours, j’ai revu les photos prises lors de cette promenade et j’ai décidé d’en faire un sujet : une rencontre fortuite entre un groupe de Soeurs qui se promènent dans un des plus beaux endroits de Paris et mes souvenirs d’enfance.
J’ai utilisé une des photos prises pour faire un croquis léger qui a servi de base. Je vous décris ci-dessous les étapes qui ont suivi.
Work in progress
Vous trouverez ici tout le déroulé de la réalisation de l’aquarelle « Soeurs aux Tuileries » en photos avec mes commentaires. Je démarre au moment du croquis et vous emmène jusqu’à la finalisation de l’aquarelle.
1- Croquis et réserve de blanc
Le croquis est réalisé à l’aide d’un crayon HB sur du papier Arches au grain fin, format 36x26cm. Une fois les lignes tracées, j’atténue le croquis à l’aide d’une gomme pain de mie. J’effectue quelques réserves de blanc à l’aide de drawing gum notamment au niveau des voiles des Soeurs ainsi que là où l’on voit leur robe blanche apparaitre.
2- Le fond dans l’humide
Une fois le liquide à masquer sec, j’humidifie l’ensemble de la feuille et je dépose par touche du jaune auréoline ainsi que du rose permanent. Avec le pinceau, je suggère un mouvement en diagonale. Les couleurs sont vives mais par expérience, je sais qu’elles vont s’atténuer au séchage.
3- Premiers glacis
J’attend que ma feuille soit totalement sèche, et je commence à déposer mes premiers glacis pour faire ressortir les Soeurs. J’utilise du violet diozaxine légèrement mélangé à du gris de payne. Je garde des contours forts mais au niveau du bas de leurs tenues, je souhaite plus de flou et que la couleur se mélange à leurs ombres. Avec un spray, j’ajoute de l’eau et je penche ma feuille pour faire migrer mes pigments dans le sens des coups de pinceau donnés dans l’étape précédente.
4- Enrichissement du fond
Je souhaite enrichir le fond. En réalité, ma réflexion en amont a été peu poussée sur l’environnement qui entourent les Soeurs, alors je me lance au hasard dans le choix de couleurs pour illustrer un sol et enrichir aussi la partie haute et gauche de la peinture. J’utilise du terre de Sienne brûlée fondu avec du Caput mortum, puis du bleu winsor nuance rouge.
5- Les Soeurs
Une fois la feuille sèche, je reviens sur les Soeurs, et à nouveau, je viens déposer du gris de payne (légèrement mélangé à du violet diozaxine et du bleu winsor nuance rouge) pour habiller mes sujets. De la même façon que lors du premier glacis, j’utilise un spray pour donner une impression de flou et confondre les robes avec les ombres. Le jeu de transparence s’opère bien avec le sol et les pigments Terre de Sienne Brulée et Caput Mortum précédemment déposés restent visibles. J’attend que ça sèche pour retirer au doigt le liquide à masquer.
6- Finalisation et détails
J’ajoute quelques pigments au niveau des visages mais je choisis de ne pas détailler. Idem sur les zones réservées avec le drawing gum pour apporter un peu de volume. Je fais des projections et laisse volontairement tomber des grosses gouttes de peintures en reprenant les mélanges précédemment utilisés. J’oriente le papier pour faire couler le surplus d’eau et terminer l’aquarelle.
Vous avez des questions sur le déroulé, les techniques utilisées ? N’hésitez pas à les poser dans les commentaires ci-dessous 🙂
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