Parfois, alors qu’on a choisi un sujet et qu’on en fait une peinture, on est pas satisfait du résultat. Les raisons peuvent être multiples : le dessin, les couleurs, le cadrage, la technique, etc… Il ne faut pas se décourager ! Le mieux est de regarder sa peinture, de comprendre et voir les points qui déplaisent et se lancer dans une nouvelle interprétation. J’en ai fait l’expérience récemment… et je la partage avec vous !

Lors de mon voyage en Andalousie dont j’ai pu vous parler ici et ici, j’ai acheté un éventail. Accessoire indispensable vu les températures lorsque j’y étais ! A Séville, on dépassait les 45° par moment, alors un petit peu d’air était toujours bienvenue 🙂

A mon retour, j’ai eu envie de peindre l’éventail que je trouve très beau. L’objet est de couleur ocre avec beaucoup de détails… J’ai pris plusieurs photos où je le tiens dans ma main de différentes façons : ouvert, fermé, avec les effets d’ombre, etc…

J’ai fini par en choisir une pour peindre mon sujet : je tiens l’éventail ouvert. J’ai d’abord réalisé un croquis pour me familiariser avec l’objet, mais aussi le simplifier : réduire les détails comme les décorations qu’on peut voir dessus ou encore les zones découpées.

Première interprétation : spontanéité

Une fois le croquis fait, je me suis lancée dans une première version du sujet, en me souciant peu des couleurs. Pas de réflexion en amont, j’ai simplement utilisé les couleurs de ma palette de façon spontanée. Sur le moment j’avais envie de jaune et de contraste violet. Une fois la peinture finie, j’ai été assez déçue du rendu ! La main qui tient l’éventail semble notamment « cadavérique » 🙂

Pour être honnête, une fois un sujet peint, même si l’aquarelle finale ne me plait pas, en général je passe à un autre sujet. Je peux me lasser assez rapidement ! Mais là, mon éventail, j’avais vraiment envie de retenter le coup, de retravailler mon approche et surtout les couleurs qui composent l’aquarelle.

Deuxième interprétation : réflexion

J’ai choisi un nouveau format, plus grand, et surtout, j’ai utilisé mon nuancier pour choisir certaines couleurs et limiter ma palette pour cette 2ème version : jaune auréoline, orange winsor, laque écarlate, or quinacridone violet diozaxine et caput mortum.

Pour le fond, j’ai utilisé le jaune, l’orange, la laque écarlate ainsi que le violet et le caput mortum. J’ai déposé les pigments sur la feuille humide à différents endroits pour créer des contrastes puis j’ai fait des retraits avec un pinceau plat, des projections et j’ai ajouté du sel : le but était d’apporter du mouvement. Enfin, j’ai réalisé l’éventail que je voulais dans des tons dorés avec le pigment or quinacridone et j’ai ajouté du caput mortum et du violet pour les zones d’ombre et marquer le volume.

J’ai été beaucoup plus satisfaite par cette deuxième version que par la première ! Si techniquement et dans le déroulé j’ai fait un travail qui me convenait mieux pour la 2ème interprétation, la première version parle d’avantage je pense de mon humeur du moment. J’ai laissé parlé mes émotions je pense.

Chaque création parle de nous, et si le re-travail est important pour s’améliorer techniquement, il est aussi intéressant parfois de se laisser aller et de peindre en oubliant la technique. J’ai donc pu avoir ici 2 versions d’un même sujet, peint à différents moments et donc deux interprétations différentes avec pour chacune une approche technique et différent degré de réflexion, et aussi une charge émotionnelle particulière.

Et vous ? Vous arrive-t-il de retravailler à plusieurs reprises un sujet ? Prenez-vous le temps de comprendre vos essais, techniquement et émotionnellement ?